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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/306

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lution, en la quittant, d’en laisser tout le jugement à Dieu. L’esprit divin nous fait remarquer dans l’Évangile, qu’il en usa de la sorte, parce qu’il étoit un homme juste. Or, l’homme juste, qui ne peut absolument excuser ni le fait, ni l’intention d’une personne dont il connoît la probité, n’en veut pas juger, et tâche même d’ôter cela de son esprit, et en laisse le jugement à Dieu. Mais le Sauveur crucifié ne pouvant excuser entièrement le péché de ceux qui l’avoient attaché à la croix, voulut au moins en diminuer la malice par la raison de leur ignorance ; de même quand nous ne pouvons excuser le péché de notre prochain, tâchons de le rendre digne de compassion, en rejetant sa faute sur le principe le plus tolérable qu’elle puisse avoir, comme sur son ignorance, ou sur sa foiblesse.

Ne peut-on donc jamais juger de son prochain ? Non Philothée ; car c’est Dieu même qui juge les criminels dans les jugemens de la justice humaine : il est vrai que ce sont les Magistrats qui y paroissent et qui y parlent, mais ils ne sont que ses Ministres et ses interprètes ; ils n’y doivent rien prononcer, que ce qu’ils ont appris de lui, et leurs arrêts doivent être ses propres oracles. S’ils s’éloignent de cette règle pour suivre leurs passions, alors ce sont véritablement eux qui jugent, et qui par conséquent seront jugés ; car il est