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Page:Delair - L’Éloge d’Alexandre Dumas, 1872.djvu/9

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Le vaillant qui marchait sous des bois toujours verts,
Jetant sa vie énorme à tort et à travers ! —
Ah ! comme elle coulait, cette vie ondoyante,
Cette sève à pleins bords, frondeuse et frondoyante,
Fière, heureuse, et pareille au grand chêne éternel,
Poussant de toutes parts des rameaux vers le ciel ! —
Hé ! qu’importe s’il eut quelques branches gourmandes !
Les fleurs d’or, les fruits mûrs y pendaient par guirlandes,
Et c’était une fête, une félicité,
Où se réjouissait l’univers invité !

Tête et cœur, c’était l’onde et l’homme intarissable ;
Puissant, joyeux et bon comme un dieu de la fable,
Curieux sans envie et sans gêne, pareil
À l’autre grand ami des hommes, — le soleil !
Il concentrait en lui, fraternelle, infinie,
La cordialité de notre ancien génie,
Et la répandre était sa joie et son succès,
Et c’était l’échanson du vieil esprit français !

Oh ! le brave grand homme ! Il dépensait sans cesse
Et sa bourse et son cœur, double et folle richesse ;
Et souvent les ingrats, puisant, puisant encor,
Mirent à sec la bourse et jamais le cœur d’or !

Cependant il allait contant, contant merveilles,
Contant toujours ! Et comme à Platon les abeilles,
À sa lèvre advolaient les esprits enchantés ;
Et les vieillards disaient aux enfants : Écoutez ! —