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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/105

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LE PAIN BLANC

par ici, ma chérie. Tout le monde veut te connaître. Il y a là Fernet et d’autres jeunes gens.

Entourée d’un flot masculin, Élysée commençait à se sentir un peu moins sotte.

— Elle est très forte au tennis, dit Mme Arnaud. Arrangez-vous avec elle pour un rendez-vous. Vous lui ferez faire la connaissance de vos sœurs…

Il y eut du monde jusqu’à près de huit heures. Le docteur Arnaud, rentré, vint saluer ceux et celles qui restaient. Le petit Villevieille était toujours là.

À table, Octavie, dans un grand rire amusé :

— Je crois que tout ça finira mal pour votre fille, Stéphen ! —

— Quand elle deviendrait la comtesse de Villevieille, répondit-il, je n’y verrais aucun inconvénient ! Un beau nom, une belle fortune, un joli garçon…

Et comme la petite perdait absolument contenance :

— Écoute, poursuivit Mme Arnaud, changeant généreusement la conversation, j’ai une idée, chérie. Nous allons organiser un bal blanc pour ton entrée dans le monde. D’ici là, au tennis, tu auras fait la connaissance d’un tas de jeunes filles très bien… Mais, par exemple, il va falloir nous occuper sérieusement de tes robes…

Pendant les huit jours qui séparèrent ce mardi de l’autre, ce fut le tourbillon. Un mot de Mme Arnaud résumait tout : « Nous n’avons pas une minute à perdre ! »

Étourdie de plaisir et de nouveautés, la jeune Arnaud ne savait plus ce qui l’amusait davantage, si c’était de monter à cheval au manège, de jouer au tennis avec toutes ces belles jeunes filles, d’essayer des robes de deux mille francs, de rencontrer Villevieille dans les thés, ou de déchiffrer au piano parmi l’entraînement enivrant des cordes.