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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/106

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LE PAIN BLANC

Qu’il était blanc, le pain qu’elle mangeait depuis qu’elle avait quitté ses classes !

Riant toute seule dans son lit, le soir :

— Ce n’est plus du pain ! C’est de la brioche !

Le mardi revint.

Fernet avait amené ses deux sœurs. Deux autres jeunes filles et deux autres mères, vues presque chaque jour au tennis par Élysée, étaient également présentes. Mme Arnaud avait, dès la première demi-heure, demandé qu’on ne fumât pas, parce qu’une dame devait chanter. Les salons n’étaient déjà plus ceux d’un demi-castor. L’abbé Thierry semblait miraculeusement à sa place.

D’un mouvement naturel, la jeunesse s’était groupée à part, occupant tout le petit salon. Il y avait là Mlles d’Estenol, Fernet et de Bussières. Les frères papillonnaient. Élysée, en robe ouverte, les bras nus, riait de toutes ses dents. Villevieille restait près d’elle, comme si ç’eût été de droit.

— Si nous dansions ?… proposa la petite d’Estenol.

« Encore quelque chose à apprendre, se disait Élysée. Et dire que j’ai passé mon grand Brevet et que je ne sais rien ! »

On alla chercher Mme Arnaud. Ce fut elle, avec son tact et son habileté, qui sauva sa belle-fille d’une petite humiliation.

— Non ! non ! pas aujourd’hui. Mais soyez tranquille, vous vous rattraperez. Je prépare une surprise pour bientôt.

Le lendemain, en sortant du manège, Élysée prit sa première leçon de tango.

Avant la grande affaire du bal, il y en eut une autre bien inattendue. Mlle de Moimeyrans invitait Élysée à déjeuner avec toute la bande du tennis.

Sa mère étant d’origine hongroise, la petite de Moimeyrans,