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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/14

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LE PAIN BLANC

n’a pas de malades par là. Et, vous voyez, il n’est pas encore rentré, à l’heure qu’il est. Ah !… ce soir, il va voir ça !

— Il sera allé se balader !… dit Max en bâillant. Au mois de mai, ça n’a rien d’étonnant !

Jacques, en sifflotant, se leva, comme pour exprimer : « C’est tout ce que tu as à nous raconter ? »

Élysée, les yeux longs et tristes, ne disait rien.

— Vous êtes tous par trop absurdes !… remarqua Mme Arnaud, avec une fureur grandissante.

Et, selon la logique déconcertante du féminin, elle enchaîna, cherchant à tout prix des querelles pour se soulager :

— Et puis, d’abord, qu’est-ce que ces imbéciles de bonnes ont fait toute la journée ? Rien n’est rangé, dans ce sale appartement !

— Savons pas… grognèrent les garçons.

Oubliant qu’elle avait des sonneries électriques, elle cria, trépignante :

— Maria !… Heu… comment s’appelle-t-elle ?… Hortense !…

— Je vais les chercher !… s’empressa gentiment la petite Élise.

— Toi, mêle-toi de ce qui te regarde !… Je veux qu’elles viennent quand je les appelle, ces rosses-là !

— C’est bien la peine de se coller dans le grand luxe pour ne pas s’en servir ! remarqua Jacques en allant sonner, flegmatique.

Ce qui suivit fut bruyant, inutile et compliqué. Les bonnes pleurèrent, les meubles furent bousculés. Élysée trembla, les garçons ricanèrent.

— Je suis sûre que vous n’avez même pas eu le cœur de remettre en ordre le cabinet de monsieur, après sa consultation !

— Mais puisqu’on nous défend de rien y toucher !… protestaient les filles, indignées.

Pour épuiser jusqu’au bout sa crise de nerfs, Mme Arnaud se jeta sur la porte, entra dans le cabinet. Le jour tombait. Les enfants la virent allumer l’électricité. Les bonnes venaient de sortir du salon.

Ils ne comprirent pas ce qui se passait. Leur mère revenait vers