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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/45

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LE PAIN BLANC

Un baiser rapide effleura de nouveau les cheveux d’Élysée. Elle se retint pour ne pas saisir les mains qui la poussaient doucement dehors, et les embrasser avec véhémence. Le cœur battant, elle passa la porte, et retrouva Mlle Dufauré qui l’attendait, patiente, dans le corridor.

— Le cours moyen est en pleine récréation. Vous allez faire connaissance avec vos petites camarades…

Et, tout en l’entraînant, Mlle Dufauré continua :

— Naturellement vous suivrez les mêmes cours qu’elles. Mais comme vous avez été retardée un peu dans vos études, vous aurez des leçons particulières tous les matins, jusqu’à ce que vous ayez rattrapé les autres.

Et tant de délicatesse étonna la petite, si bien résignée d’avance à quelque classe humiliante.

C’était une immense cour plantée d’arbres réguliers et fermée de hauts murs. Une foule de petites filles sautillait là-dedans, sous la surveillance de deux demoiselles toutes jeunes, qui, de temps en temps, prenaient part aux jeux. Dans le fond un tennis, plus loin un croquet. Une partie de ballon faisait, ailleurs, pousser des cris aigus.

— Tenez !… dit Mlle Dufauré, voilà là-bas vos compagnes de chambre à coucher. Je vais les appeler et vous présenter les unes aux autres.

Deux filles de dix ans s’avancèrent. L’Anglaise était boulotte,