Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exigence ou conséquence de l’intellectualisme. Aussi ne peut-on échapper à cette irrésistible logique que, par une complète volte-face de l’esprit, par un salto mortale, comme dira Jacobi, — c’est-à-dire en affirmant par un acte de foi ce que notre conscience réclame et ce que l’entendement nous enlève.

Malgré les divergences de leurs doctrines personnelles (Voir Lévy-Bruhl, La Philosophie de Jacobi, ch. viii, pp. 205 sq.), — divergences profondes nonobstant quelques points de contact, — il y a certainement dans la façon dont Fichte représente le Spinozisme comme le type du dogmatisme une analogie très étroite avec la façon dont Jacobi l’avait représenté comme le type des philosophies de l’entendement. Mais voici plus précisément le rapport que Fichte établit entre le Spinozisme et la Doctrine de la Science, la Wissenschaftslehre de 1794. (Voir Johann Heinrich Löwe, Die Philosophie Fichte’s, 1862, pp. 247 sq.) Avant de l’exposer, rappelons cependant que sans connaître encore la philosophie de Kant, Fichte avait accepté une sorte de déterminisme spinoziste, — ou, si l’on veut, néo-spinoziste, à la façon de celui de Lessing. Et, au moment même où il écrivait à Weisshuhn que, depuis qu’il avait lu la Critique de la Raison pratique, il vivait dans un monde nouveau (Fichte’s Leben und Briefwechsel, 2e éd., I, pp. 109 sq.), il indiquait déjà qu’il y a une façon de penser inévitable, — tant qu’on ne connaît pas Kant, — celle qu’il avait eue lui-même auparavant, et dont certains traits, au moins le déterminisme, — devaient rappeler la philosophie de Spinoza.

Selon la Wissenschaftslehre de 1794, l’essence de la philosophie critique consiste en ceci, qu’un