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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/108

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des Idealismus, I, p. 360.) Mais, plus directement encore, Kant pouvait avoir enveloppé en lui la Philosophie de la Nature. On sait, en effet, qu’après avoir mis en présence le monde de la nature matérielle soumis au mécanisme et le monde moral dont la liberté est le principe, Kant, spécialement dans la Critique de la faculté de juger, a cherché à établir un rapport entre ces deux mondes. La notion de beauté et celle de finalité sont pour lui les notions médiatrices. Dans le fond, il reconnaît, ce qu’il avait du reste admis dès l’origine, que les lois de la nature matérielle ne sauraient expliquer le moindre être organisé, que pour l’intelligence de la vie il faut recourir à une autre sorte de causalité que la causalité mécanique, qui procède des parties aux parties et fait du Tout la résultante des parties, à une causalité par concept, c’est-à-dire dont le caractère propre est de poser le Tout avant les parties comme la raison d’être des parties. Mais cette conception de la finalité, bien que Kant étendit volontiers à la Nature tout entière prise comme un Tout, n’autoriserait pas à ses yeux une connaissance proprement dite ; elle était simplement un acte de réflexion nécessaire de la faculté de juger ; elle n’avait pas une valeur déterminante. Kant marquait donc des limites rigoureuses à cet usage de la conception de la finalité : s’il la jugeait médiatrice entre le monde de la moralité et le monde de la nature, il n’admettait pas que l’unité ainsi établie permit d’opérer un passage de l’un à l’autre de ces mondes, de les faire pénétrer l’un dans l’autre ; il n’admettait pas non plus, étant donné que nous sommes dépourvus d’une faculté d’intuition intellectuelle, que nous pussions voir le Tout engendrer les parties, mais, selon lui, nous