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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/109

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devions simplement nous représenter la connexion des parties d’après l’idée du Tout ; enfin, pour ces divers motifs, il écartait l’idée d’une finalité inconsciente, qui aurait en effet supposé une sorte d’objectivation hors de l’intelligence proprement dite de ce qui n’intervenait, selon lui, que comme un acte de la réflexion. On voit donc dans quelle mesure Kant pouvait porter à une philosophie de la nature, telle que Schelling l’entendait ; il y portait, à la condition que, d’une façon ou de l’autre, fussent supprimées les restrictions, que nous venons d’énumérer, à l’usage de la notion de finalité.

Or la philosophie de Fichte, à sa manière, avait contribué à supprimer ces restrictions, et Schelling, dès le début, avait manifesté une forte disposition à s’en affranchir. Dans sa Neue Deduktion des Naturrechts (1795), il soutenait que la causalité de la Liberté doit se révéler nécessairement par une causalité physique, que cette expression de la Liberté dans la nature est-ce qu’on appelle la vie ; mais il admettait, à l’encontre de Kant, que cette expression n’est pas telle seulement pour le jugement réfléchissant, que la nature est véritablement un produit de la Liberté (I, pp. 248 sq.). — Mais surtout dans l’ouvrage où il institue expressément sa Philosophie de la Nature, Ideen zu einer Philosophie der Natur (1797), il établit avec des arguments kantiens, avec des arguments tirés de la Critique de la faculté de juger, l’impuissance du mécanisme à rendre compte de la vie ; mais c’est aussitôt pour aller au-delà de ce que Kant avait permis, et en jugeant illégitimes les restrictions de Kant. La finalité est une vue de l’entendement : oui, certes ; mais suit-il de là qu’elle ne soit qu’une vue de l’entendement ? Que