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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/117

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Mendelssohn et les autres ; là, l’existence était conçue comme une propriété, de telle sorte que l’identité de l’idée et de la réalité apparaissait comme une vérité extérieurement introduite, comme l’addition d’un concept à un autre. Au surplus, tandis que Kant se refusait à admettre sous forme de proposition ou de démonstration théorique l’identité du concept et de la réalité, il la réintroduisait dans la foi pratique. Car enfin, qu’exprime cette foi, sinon que la raison a en même temps une absolue réalité, qu’en elle toute opposition disparaît de la pensée et de l’être ? — Mais, en retour, aux yeux de Hegel, qui d’ailleurs sur ces divers points n’est pas sans forcer quelque peu la pensée de Kant, le Kantisme a admirablement découvert comment la puissance de notre raison théorique détermine les conditions d’apparition de notre monde, comment l’unité transcendantale de l’aperception n’explique pas seulement l’origine et l’objectivité des purs concepts, mais encore la synthèse des intuitions et des concepts, comment aussi notre monde est l’effet de notre imagination, de l’activité inconsciente de notre moi. De plus, le Kantisme, par des conceptions d’une grande portée, s’est efforcé plus d’une fois de raccorder ou de rétablir dans l’harmonie ce qu’il avait désuni : telles sont notamment les conceptions de la beauté et de la vie, telles qu’elles sont exposées dans la Critique de la faculté de juger : la beauté fait que l’idée se manifeste, qu’elle tombe sous l’intuition, qu’elle ne reste pas dans son abstraction impuissante : la vie, elle aussi, manifeste l’idée se réalisant dans des organisations de plus en plus complexes, de plus en plus riches. Nous sommes ainsi sur la voie qui conduit de l’imagination productive à l’entende-