Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment intuitif ; mais l’on sait que Kant s’arrête dans cette voie et que, refusant à l’esprit humain toute puissance d’intuition intellectuelle, il ne fait de notre représentation esthétique et téléologique du monde qu’une maxime du Jugement réfléchissant.

Cette position à l’égard de Kant, Hegel la maintiendra en des termes très analogues quand son propre système sera constitué. Mais, pour mieux saisir la direction de ce système, soit en lui-même, soit par son rapport à ses antécédents, le mieux peut-être est de se référer, dans l’Encyclopédie, à ces préliminaires de la science de la logique, où Hegel étudie les divers rapports de la pensée à l’objectivité. Ces rapports peuvent être envisagés de trois façons générales.

La première position de la pensée par rapport à l’objectivité est celle qui s’appuie sur la croyance que la raison humaine, grâce à la réflexion, est capable d’atteindre la vérité, de saisir les objets tels qu’ils sont en eux-mêmes réellement. Dans cet état la pensée n’a pas conscience de ses oppositions ; elle vit, elle se développe avec une pleine confiance dans son pouvoir d’exprimer ou de reproduire le réel. Telle quelle, c’est elle qui, lorsqu’elle a affecté des prétentions spéculatives, a donné naissance à l’ancienne métaphysique. Le propre de cette métaphysique, c’est de considérer les déterminations de la pensée comme étant les déterminations fondamentales des choses, c’est d’admettre que ce qui est, par cela même qu’il est pensé, est connu en soi, et dans son essence. En cela, du reste, cette métaphysique est, selon Hegel, supérieure à la philosophie critique qui est venue après elle ; elle n’en a pas moins de graves défauts internes qui l’ont rendue justiciable de cette critique, qui en tout