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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/119

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cas l’ont obligée à se dépasser. Le plus essentiel de ces défauts, c’est qu’elle ramène à la mesure de l’entendement fini l’objet de la raison infinie. Elle considère les déterminations de la pensée, à l’état d’abstraction et d’isolement ; elle leur confère sous cette forme une valeur positive et entière ; elle voit que connaître l’absolu c’est lui attribuer certains prédicats ; mais elle ne prend pas garde que ces prédicats ne sont que des expressions limitées, par suite nécessairement inadéquates en elles-mêmes, que cette façon de les poser est extérieure au sujet, et qu’elle est fort loin de montrer, — ce qui pourtant est l’essentiel, — la vraie connaissance se déterminant en elle-même, comme elle le doit, trouvant d’elle-même, par une activité à elle, ses propres déterminations. En outre, par cela même qu’elle isole les déterminations abstraites de la pensée, elle les rend exclusives les unes par rapport aux autres : d’autant qu’elle obéit dans l’établissement de leur rapport au principe de contradiction qui, de deux prédicats opposés, contraint à rejeter l’un pour garder l’autre. C’est ainsi qu’elle se demande si c’est le prédicat fini ou le prédicat infini qui convient au monde, — oubliant que la réalité véritable, c’est précisément ce qui ne contient pas une telle détermination exclusive et n’est pas épuisé par elle, ce qui au contraire enferme dans son intégralité ces déterminations que le dogmatisme maintient séparées. Le propre de l’idéalisme spéculatif, c’est précisément d’échapper à la fixité abstraite des déterminations séparées par un abîme ; c’est de surmonter les limites qu’élève l’entendement ; c’est, autrement dit, de vaincre positivement le dogmatisme ; car c’est la vraie définition du dogmatisme que de s’arrêter aux