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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/120

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déterminations finies, immobiles et exclusives de l’entendement, et que d’ériger en principe absolu que, de deux déterminations de ce genre opposées, l’une doit être vraie, l’autre doit être fausse.

C’est précisément le besoin de trouver un contenu concret par opposition aux théories abstraites de l’entendement, incapable de passer de ses généralités indéterminées à la détermination et à la particularisation des choses, — c’est aussi le besoin de trouver quelques points solides, par opposition à cette possibilité de tout démontrer que finit par manifester la métaphysique de l’entendement abstrait, — c’est ce double besoin qui a produit une autre position de la pensée par rapport à l’objectivité, — et dont la première expression est l’empirisme. C’est de l’empirisme qu’est parti le cri, qu’il faut renoncer à courir après les abstractions vides, qu’il faut regarder autour de soi, saisir le réel tel que l’homme et la nature le présentent et en être satisfait, — et cet appel est légitime. Mais la façon dont l’empirisme lui-même y répond reste considérablement défectueuse. C’est sous la forme de la perception que l’empirisme prétend saisir le réel ; or la perception, comme telle, est quelque chose de particulier et de passager : d’où, pour toute connaissance, l’impossibilité de s’y arrêter. De fait, l’empirisme ne s’y arrête pas, et, voulant passer de la perception à l’expérience, il emploie l’analyse : il oublie seulement que, si nécessaire que soit l’analyse, elle n’est qu’un aspect de l’explication, laquelle exige aussi la connexion et l’union. De l’analyse telle que l’empirisme la pratique, on peut dire ce que le poète a dit de la chimie : « Hat die Theile in ihrer Hand, Fehlt leider nur das geistige Band. — Elle a les parties dans sa