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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/124

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l’infini qui contient le fini comme subordonné. — Pareillement, si Kant a fort justement remis en honneur l’Idée, en la distinguant des déterminations abstraites de l’entendement et des représentations sensibles, il a eu le tort de n’y faire correspondre qu’un devoir être, un Sollen, non l’être vrai et total dans sa réalité infinie.

Une partie essentielle de la doctrine kantienne de la raison, c’est la doctrine des antinomies. Vue profonde, d’avoir aperçu que ce sont les catégories qui par le développement ou l’expansion de leur contenu engendrent la contradiction ; mais solution bien superficielle que celle qui est inspirée par cette idée que la contradiction est une tache qui ne doit pas souiller l’essence du monde, mais qui doit être réservée à la raison ; ainsi la raison est humiliée devant les choses, rendue responsable d’une prétendue absurdité que les choses ne comportent pas. Cependant, bien que Kant n’ait pas compris la signification positive des antinomies, bien qu’il en ait maladroitement restreint la liste et qu’il se soit servi pour établir la thèse et l’antithèse de simples apparences de preuves, il a tout de même pressenti qu’à la raison il appartenait d’affirmer l’unité réelle des déterminations que l’entendement maintient dans leur état de scission et d’opposition. Seulement cette unité, il ne l’a entendue que comme subjective et immédiate.

Où l’on voit bien à quel point Kant a réduit le rôle de la raison après avoir prétendu l’affermir, c’est dans la critique qu’il a faite de la preuve ontologique. Ce qui a contribué au succès de cette critique, c’est l’exemple qu’il a introduit pour montrer la différence de la pensée et de l’être. Envisagés dans leurs concepts, il n’y a aucune