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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/130

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Nous savons que le principe de la Doctrine de la Science est un principe qui ne peut être démontré par un autre, que c’est un principe absolument inconditionné. Voici comment, dans la Grundlage der gesammten Wissenschaftslehre (1794), Fichte s’y prend pour établir ce principe. Ce principe doit exprimer cette action qui ne se présente pas et ne peut pas se présenter parmi les déterminations empiriques de notre conscience, mais qui, au contraire, sert de fondement à la conscience et seul la rend possible. Dans l’exposition de cette action, ce qui est à craindre, c’est moins de ne pas penser à quelque chose qui lui appartient que de penser à quelque chose qui ne lui appartient pas : d’où la nécessité de la réflexion pour penser ce qui lui appartient en effet et de l’abstraction pour écarter ce qui ne lui appartient point. La réflexion et l’abstraction, pratiquées de la sorte, ne peuvent faire que ce qui n’est point proprement un fait de conscience le devienne ; mais elles font connaître que l’on doit penser nécessairement cette action comme fondement de toute conscience. Pour les mettre en œuvre comme il le faut dans le cas présent, il faut partir d’une proposition quelconque qui soit admise par tout le monde sans conteste ; à coup sûr, il y a plus d’une proposition de ce genre. La réflexion est libre, et peu importe d’où elle part. Nous choisissons la proposition qui nous mène par le plus court chemin à notre but. En nous accordant cette proposition, on doit accorder en même temps comme action ce que nous avons à poser comme fondement de la Doctrine de la Science ; il doit résulter de la réflexion que cette action est admise en même temps que la proposition dont on est parti. C’est un fait de la conscience empirique qui est