Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fourni ; on en retranche par l’abstraction toutes les déterminations empiriques l’une après l’autre, jusqu’à ce qu’il ne reste plus dans sa pureté que ce qu’il est impossible d’exclure, ce dont on ne peut rien retrancher.

Comme fait simple de la conscience, nous avons la proposition A = A, dont la certitude apparaît immédiatement : qu’à ce fait la réflexion s’applique. La proposition A = A ne signifie pas que A est ; elle énonce seulement que, si A est posé, il est posé. Il n’est pas nécessaire que A soit posé. Si nous faisons abstraction de ce qui n’est pas nécessaire, c’est-à-dire dans le cas présent, de A, il ne reste du fait envisagé que la liaison entre les deux termes. Or cette liaison nécessaire est le fait du sujet. La proposition A = A n’est certaine que parce qu’il y a derrière elle un Moi identique qui pose la nécessité de la liaison, en d’autres termes que parce qu’il y a une proposition certaine plus originaire, à savoir Moi = Moi. Mais, de plus, A = A n’est possible que si ce en quoi A est posé est égal à lui-même, que si Moi = Moi existe. En effet, la proposition A = A n’était qu’une forme sans contenu ; en elle aucune réalité n’était posée. A existait-il ou non ? Cela restait indéterminé. On se bornait à énoncer ceci : au cas où A est, il est A. En est-il de même avec la proposition : Moi = Moi ? Nullement. La proposition Moi = Moi ne vaut pas seulement par sa forme : elle vaut encore par son contenu. Moi = Moi, cela veut dire : Je suis. Ainsi, si nous réfléchissons sur la conscience empirique, et si du fait que nous rencontrons nous faisons abstraction de ce qui ne lui appartient pas nécessairement, il nous reste la proposition : Je suis. Cette proposition, nous la prenons d’abord pour l’expression d’un fait ; mais