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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/132

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ce fait, plus complètement et plus profondément envisagé, consiste dans l’action de poser, dans une action qui se produit elle-même. Le Moi se pose lui-même, et il est, en vertu de cette position par soi, et inversement. Le Moi est et il pose son être en vertu de son être propre. Il est en même temps ce qui agit et le produit de l’action ; action et fait (Handlung und That) ici ne font qu’un. Je suis, c’est l’expression d’une Thathandlung, par opposition à une simple Thatsache. Le Moi ne peut donc être posé par autre chose que par lui ; et dans son activité il ne peut se rapporter qu’à lui. Je suis seulement pour Moi ; mais pour Moi je suis nécessairement. Se poser soi-même et être sont, quand on parle du Moi, des expressions équivalentes. La proposition : Je suis, parce que je me suis posé moi-même, peut donc encore s’énoncer ainsi : Je suis absolument, parce que je suis ; et encore : Je suis absolument ce que je suis.

Ainsi, selon Fichte, tous les faits de la conscience empirique supposent que quelque chose est posé dans le Moi : or, comment quelque chose peut-il être posé dans le Moi, si le Moi n’est pas lui-même préalablement posé ? C’est donc que le Moi est nécessairement : Je suis. De plus, comme tout le donné et tout le concevable sont posés dans le Moi, et dans le Moi seul, le Moi ne peut être posé que par lui-même ; c’est lui-même qui se produit lui-même ; il n’est pas seulement sujet, il est sujet absolu. Tel est le sens du premier principe, absolument inconditionné, de la Doctrine de la Science. (Voir Grundlage der gesammten Wissenschaftslehre, S. W., Bd. I, pp. 91-101.) Cette façon de découvrir et de manifester le premier principe parut sans doute à Fichte pré-