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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/138

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par Fichte que c’est en fin de compte la faculté pratique qui rend la faculté théorique possible, cependant, comme la réflexion ne peut concevoir le principe pratique sans avoir compris le principe théorique, c’est la partie théorique de la Doctrine de la Science qui doit passer la première. (Grundlage der gesammten Wissenschaftslehre, I, pp. 125-127.)

La façon dont Fichte a établi les trois principes détermine toute la méthode du système. Position, opposition, conciliation des contraires, ce sont là les actions nécessaires de l’intelligence qui se reproduisent dans cet ordre à toutes les phases de son développement. En d’autres termes, thèse, antithèse et synthèse, ce sont là les moments à la fois distincts et liés que l’intelligence traverse. Par rapport à la thèse et à l’antithèse, la synthèse apparaît comme la proposition conciliatrice, et en même temps comme la thèse dont l’examen amènera une antithèse nouvelle, et ainsi de suite. Ainsi apparaît le schéma de la méthode : elle consiste à dégager pour les résoudre toutes les contradictions enveloppées dans le Moi et dans ses actions nécessaires. Dans le troisième principe est opérée la synthèse fondamentale, qui comprend toutes les autres synthèses, et par là est justifiée la possibilité de la Métaphysique, qui, comme l’a dit Kant, ne consiste qu’en des synthèses de ce genre. — Mais il faut bien remarquer quel est le caractère de ces synthèses. — Et d’abord il n’y a pas d’antithèse sans une synthèse : car l’antithèse consiste à manifester un caractère d’opposition dans ce qui, à d’autres égards, est identique, et ce qui est identique est posé comme tel par une action synthétique. Inversement il n’y a pas de synthèse sans antithèse,