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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/146

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respondent ces actions. Nous avons vu quelle est la loi de cette méthode génétique rationnelle, comment l’action du Moi est, selon une marche régulière, thétique, antithétique, synthétique et consiste à résoudre jusqu’à épuisement les contradictions qu’elle enveloppe, comment ce développement n’est pas une déduction proprement dite, mais plutôt une construction qui va dans le sens du plus complexe et du plus concret. La Doctrine de la Science exprime et applique avec force cette idée, que rien n’est donné dans l’esprit que ce que l’esprit pose en lui-même, que tout donné qui se tient pour absolu est contradictoire avec l’essence de l’esprit, que c’est par conséquent l’action même de l’esprit qu’il faut suivre, si l’on veut retrouver les conditions de la connaissance. D’autre part, comme il n’y a point de choses en soi qui soient concevables, comme il ne peut y avoir rien d’autre que l’esprit et ses productions nécessaires, retrouver les conditions de la connaissance, c’est en même temps atteindre le réel. La méthode dont use la Doctrine de la Science est originale par rapport aux méthodes ordinairement usitées : mais c’est la méthode qui convient pour comprendre toutes choses véritablement dans leur source, et à partir du Premier Principe.

Cette méthode de Fichte, en ses traits essentiels, fait partie du développement même de l’idéalisme spéculatif allemand, et nous la trouvons reprise, étendue ou transformée, chez Schelling et chez Hegel.

À vrai dire, chez Schelling, l’usage de toute méthode, quelle qu’elle soit, reste subordonné au mouvement et à la virtuosité de son imagination métaphysique, et l’on sent bien que sa pensée,