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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/149

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cette supposition doive s’étendre à toute l’explication même. On éviterait ce risque, mais on ne l’éviterait que si cette supposition était aussi nécessaire que la nature même. En admettant ce qui doit être admis, à savoir que l’ensemble des phénomènes constitue véritablement une nature, que ce Tout n’est pas simplement un produit, mais qu’il est en même temps productif, on doit admettre en conséquence, pour expliquer cette oscillation de la nature entre sa productivité et son produit, une dualité de principes au sein de l’identité de la nature même. Cette supposition absolue doit porter en elle sa nécessité ; cependant elle est susceptible, en outre, d’une sorte de preuve empirique ; car du moment que de cette supposition ne se laissent pas déduire tous les phénomènes de la nature, — si dans l’enchaînement de la nature il existe un seul phénomène qui ne dérive pas de ce principe, ou qui le contredise, — la supposition apparaît fausse par cela même. Et c’est, d’autre part, par cette déduction de tous les phénomènes naturels à partir d’une supposition absolue que notre science se transforme en une construction de la nature même, en une science de la nature a priori. Pourtant il ne faudrait pas croire que c’est le caractère a priori de notre savoir à nous qui fait que la philosophie de la nature, au sens que nous avons dit, est fondée. Car nous ne connaissons rien originairement que par l’expérience ; ce que nous savons d’abord par l’expérience devient a priori par cela même que nous le comprenons comme nécessaire, de telle sorte que la différence de l’a priori et de l’a posteriori est avant tout relative à nos moyens de connaître. Si nous pouvons connaître la nature a priori, c’est avant tout