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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/165

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les uns aux autres dans la solution des problèmes spéculatifs ne tiennent pas à un simple artifice sophistique, à un balancement d’opinions subjectives contraires, mais à une action nécessaire de la raison ; il a bien vu, en d’autres termes, que la contradiction appartient à la nature même de la pensée, puisque ce sont les catégories qui, par une application toute spontanée, l’engendrent. Mais, outre qu’il eût dû généraliser cette loi de contradiction et ne pas seulement la découvrir dans les problèmes de la cosmologie, il a réduit la portée de sa découverte en faisant de cette loi une loi pour la pensée seule, — une loi dont le monde est exempt quand la pensée est dûment avertie, — une loi de la pensée qui ne donne à la pensée qu’une illusion. — Et cependant, par ailleurs, il fait déjà bien voir qu’il faut admettre, — mais seulement sous une forme subjective, — l’unité des déterminations que l’entendement maintient séparées ; on peut conclure, par exemple, que la liberté et la nécessité telles que les conçoit l’entendement ne sont que des moments séparés de la vraie liberté et de la vraie nécessité qui, spéculativement, ne font qu’un (Wissenschaft der Logik, S. W., t. III, p. 44. — Encyclopædie, § 48, t. VI, pp. 101 sq. ; § 81, pp. 152 sq.Geschichte der Philosophie, XV, pp. 551 sq.).

Voilà donc dans quelle mesure Kant, au regard même de Hegel, préparait, mais ne faisait que préparer, l’avènement de la méthode dialectique. Que si Fichte en est apparu comme un promoteur plus direct, cependant bien des différences subsistent. Chez Fichte, c’est le moi qui, en vertu de son activité infinie, s’élance toujours au-delà des bornes qu’il s’est posées à lui-même, et qui produit par là l’évolution du monde et de la cons-