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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/166

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cience ; au contraire, chez Hegel, le principe de ce développement est dans l’objet, dans le mouvement qu’opère de lui-même ou que s’imprime à lui-même le concept ou l’absolu, et le sujet n’est que le témoin qui considère ce mouvement et le suit du regard de sa pensée. En outre, tandis que chez Fichte le moi n’arrive pas à dépasser l’inquiétude de son aspiration infinie, ne parvient jamais au terme de son développement, chez Hegel le savoir absolu est le terme à la fois accessible et infranchissable qui empêche le moi de retomber indéfiniment sur lui-même. Tandis encore que Fichte déclare expressément que l’opposition fondamentale du moi et du non-moi, présupposition de toute sa méthode, ne se laisse pas déduire, et que toute marche nouvelle de la méthode, au lieu de prendre son point d’appui, sa base d’élan dans l’analyse du degré antérieurement atteint, ne s’accomplit que par un nouveau recours au Moi infini, incapable de se fixer dans aucun de ses produits, Hegel poursuit un développement dialectique rigoureusement immanent, dans lequel chaque moment provoque par une nécessité interne l’apparition du moment immédiatement supérieur. La construction de Fichte résulte d’une suite de problèmes qui naissent les uns des autres et qui, finalement, se ramènent tous à ce problème essentiel, à savoir que le moi se perçoit lui-même dans l’infinité de son essence ; la méthode de Hegel est l’expression d’un développement qui va par une voie régulière au but, et dont la connaissance est d’autant plus exacte, d’autant plus pure, que le sujet y fait moins intervenir sa propre réflexion.

Cependant cette méthode de Hegel exige d’être éclaircie en divers points. Elle paraît d’abord être