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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/167

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en opposition flagrante avec les exigences de ce principe de contradiction dont Aristote avait fait la règle supérieure de la pensée, à l’encontre des vues d’Héraclite sur le flux universel. Mais sans rechercher si la logique d’Aristote est de tout point adéquate au caractère spéculatif de sa métaphysique, n’est-il pas vrai qu’Aristote lui-même a parfois marqué la nécessité d’une relation intime des contraires, comme lorsqu’il a dit que la science des contraires est une ? Mais n’importe. Il est incontestable que, pour Hegel, l’interprétation du principe de contradiction dans le sens de l’impossibilité de rapporter à un même sujet des termes opposés, dans le sens de la justification suprême du principe du tiers exclu, n’est que l’acceptation d’une identité abstraite et d’une opposition également abstraite : un terme posé dans son identité exclusive laisse subsister en face de lui son contraire, posé de même sans qu’il y ait entre eux relation. À la place du principe du tiers exclu qui est le principe de l’entendement abstrait, il conviendrait plutôt d’énoncer le principe : Tout est opposé, il n’y a rien, en effet, ni au ciel, ni sur la terre, ni dans le monde de la nature, ni dans le monde de l’esprit à quoi puisse s’appliquer l’exigence de disjonction prononcée par l’entendement abstrait : entweder-oder, ou A ou non-A. Tout ce qui est est un être concret, construit par suite de la différence ou de l’opposition. En d’autres termes, dans la pensée de Hegel, sa dialectique est fort éloignée d’ériger la contradiction en loi souveraine et définitive. Car si la dialectique poursuit sa marche, c’est précisément pour lever la contradiction à laquelle, comme telle, il est impossible de s’arrêter. C’est plutôt une certaine façon d’élever à l’absolu le principe