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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/188

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son essence qu’il peut arriver à la définir. (Die Welt, I, pp. 157-163 ; II, pp. 319, 350, 377, 412.)

Mais, en fin de compte, comment la volonté, Chose en soi, est-elle connaissable ? Pour Kant, nous le savons, la Chose en soi est inconnaissable et, si elle est déterminable, elle ne l’est que pratiquement. — Et certes, déclare Schopenhauer, si l’on part de la connaissance objective, on ne dépassera jamais le phénomène ; mais ce que Kant a négligé, c’est que nous ne sommes pas seulement le sujet qui connaît, mais nous appartenons nous-mêmes à la catégorie des choses à connaître, nous sommes nous-mêmes la Chose en soi ; par suite, si nous ne pouvons pas pénétrer du dehors jusqu’à l’être propre et intime des choses, une route, partant du dedans, nous reste ouverte. La Chose en soi ne peut entrer dans la conscience que d’une façon tout à fait immédiate, en ce sens qu’elle-même prendra conscience d’elle-même ; on ne tombe dans la contradiction que si l’on prétend la connaître objectivement. En fait, c’est notre volonté qui nous fournit quelque chose d’immédiatement connu. Aussi est-ce en partant de là qu’il faut chercher à comprendre la nature, et non pas chercher dans la nature la connaissance de nous-mêmes. — Cependant la conscience que nous avons de notre propre volonté est loin de nous fournir une connaissance complète et adéquate de la Chose en soi. Car cette conscience n’est pas pleinement immédiate ; la volonté, en effet, se crée un corps, au moyen de ce corps un intellect qui lui permet d’entrer en relations avec le monde extérieur, et c’est grâce à cet intellect qu’elle peut se réfléchir. Il y a donc, pour la conscience que la volonté devrait prendre d’elle-même, des causes d’opacité. Toutefois cette connaissance intérieure