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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/191

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II.Herbart

C’est en poussant à l’extrême, pour ce qui est de la connaissance proprement dite, la tendance subjectiviste et idéaliste de la pensée kantienne que Schopenhauer, par une sorte de compensation, en a ressuscité et positivement déterminé, pour ce qui est de la Chose en soi, la tendance réaliste. C’est, au contraire, en réduisant ou en rejetant du Kantisme la tendance subjectiviste et idéaliste que Herbart défend et développe un réalisme radical, — puisque aussi bien ce réalisme consiste à poser comme vérité première l’être en soi, indépendamment de toute relation à autre chose que lui, et spécialement de toute relation à la pensée. — Certes, par la façon dont Herbart a critiqué le Kantisme ou s’est opposé à des thèses kantiennes, on pourrait juger qu’il ne saurait être tenu pour un continuateur de Kant ; mais, sans oublier le sens de ces critiques ou la portée de ces oppositions, il ne faut pas oublier que le développement de sa doctrine est plein de références à la doctrine de Kant, — que lui-même explicitement s’est proclamé kantien. Dans son Allgemeine Metaphysik (1828 ; Préface, Édition Hartenstein, t. I, p. 64), il déclare catégoriquement que l’auteur de l’œuvre est kantien : Der Verfasser ist kantianer, qu’il l’est par la pleine acceptation de cette thèse de Kant, d’après laquelle l’existence d’une chose est en dehors du concept de cette chose et ne peut en être tirée comme un prédicat semblable aux autres ; il est kantien, ajoute-