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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/192

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t-il, mais un kantien de 1828, non un kantien du temps des Catégories et de la Critique de la Faculté de juger. De fait, la Critique de la Faculté de juger, qui contenait en germe les erreurs de l’idéalisme spéculatif post-kantien, rompait avec la thèse essentielle de la Critique de la Raison pure, qui mettait résolument l’existence en dehors du concept et de la possibilité ; elle exposait notamment la notion d’un entendement inductif où coïncideraient possibilité et réalité, concept et existence. (Allgemeine Metaphysik, § 39, Erste Anmerkung, t. I, pp. 128 sq.)

Prise en elle-même, la définition que Herbart propose de la philosophie ne dénonce pas immédiatement le caractère réaliste de la doctrine. « La philosophie, dit-il, est l’élaboration des concepts, Bearbeitung der Begriffe. » (Lehrbuch zur Einleitung in die Philosophie, § 1.) En cela, Herbart manifeste l’une des dispositions essentielles de sa pensée, très rapprochée des habitudes de classification méthodique de l’École wolffienne, très éloignée de la virtuosité et de l’audace fantaisiste des métaphysiciens de l’intuition intellectuelle. Au surplus, ces concepts qu’il revient à la philosophie d’élaborer n’ont pas de valeur par eux-mêmes, mais seulement en tant qu’ils se rapportent, médiatement ou immédiatement, au réel. (Allgemeine Metaphysik, § 166, II.) C’est du moins le cas des concepts que considère la Métaphysique proprement dite. Car l’élaboration des concepts diffère et requiert des méthodes différentes selon les diverses parties de la philosophie. La première tâche de la philosophie consiste à faire des concepts des idées claires et distinctes, à montrer comment par la combinaison de ces idées on constitue les jugements et les raisonne-