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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/193

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ments ; c’est là l’œuvre de la logique, science plutôt propédeutique. Lorsqu’on en vient à considérer non plus seulement la forme, mais encore le contenu des concepts, on trouve qu’ils peuvent se diviser en deux classes principales : il y a d’une part des concepts grâce auxquels nous connaissons le donné, ce qui nous apparaît comme réel, ce que nous nommons le monde ; or, ces concepts, à mesure qu’ils sont portés à plus de clarté et de distinction, semblent moins propres à s’accorder entre eux, à s’unir en un système. D’où la nécessité d’un travail double, — à la fois de rectification et d’achèvement, — pour lever les difficultés et faire évanouir les contradictions qu’ils enveloppent. Et c’est là l’œuvre propre de la Métaphysique. — Mais, d’autre part, il y a des concepts tels qu’ils sont indifférents à la réalité de ce qu’ils représentent, qu’ils peuvent s’appliquer à des objets simplement possibles ou même imaginaires aussi bien qu’à des objets réels, et qu’ils sont accompagnés d’un jugement d’approbation ou de blâme. Ces concepts sont l’objet de l’esthétique, prise en un sens large, et qui comprend la science du bien autant que la science du beau. (Lehrbuch zur Einleitung in die Philosophie, § 6 sq.). C’est le grand mérite de Kant d’avoir nettement opposé l’un à l’autre l’être et le devoir être (Sein et Sollen), en des termes que ses successeurs ont malheureusement méconnus, et c’est d’ailleurs sa faute d’avoir lui-même contredit cette opposition en fondant sa philosophie pratique sur un concept tout théorique de la liberté, en employant l’expression de « Métaphysique des mœurs », qui est une expression contradictoire. Pour Herbart, qui revient sur ce point à la conception wolffienne, la Métaphysique est une