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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/196

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rience dans les lois originaires de l’intuition et de la pensée, c’est dans l’incapacité à laquelle elle nous condamne de dériver de ces formes générales les formes particulières et les groupements déterminés des objets sentis. Il y a donc des formes qui nous sont données, qui sont des concepts d’expérience, et que nous employons telles quelles tout le temps que nous nous contentons de l’intuition et des phénomènes. Dès que nous commençons à réfléchir, ces concepts deviennent autant de problèmes ; car, tels quels, ils sont contradictoires, rigoureusement inconcevables, et c’est à les rendre concevables qu’il faut travailler. Or, une double règle s’impose pour ce travail : d’une part, il ne faut pas rejeter ces concepts en raison de la contradiction qu’ils renferment, car ces concepts sont donnés ; et, d’autre part, il ne faut point les accepter tels quels, car le Principe de contradiction exige que la contradiction ne subsiste point. Pour opérer ce travail selon cette double règle, Herbart expose une méthode qu’il appelle la méthode des rapports ; et voici en quoi, brièvement, elle consiste. La contradiction résulte de ce que a doit être égal à b et cependant ne lui est pas égal. L’équation des deux termes est impossible tant que nous concevons a comme une chose. Mais peut-être qu’elle deviendra possible si, dans la pensée, nous décomposons a en plusieurs termes, a, bc : il est possible qu’alors on puisse, par l’ensemble (Zusammen) de cette multiplicité de termes, rendre compte de ce qui est inexplicable, soit par a pris en bloc, soit par l’un de ses éléments isolés. Ainsi, selon cette méthode, on élimine la contradiction dès que l’on transforme l’un des termes, de un qu’il était, en une pluralité, et que l’on conçoit cette pluralité