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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/197

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comme formant un ensemble. (Édition Hartenstein, t. IV, pp. 17 sq. ; t. V, pp. 302 sq.)

Voilà la méthode qu’il convient d’appliquer au donné, — et tout d’abord dans cette partie de la Métaphysique qui est l’ontologie. L’ontologie a pour objet l’être, et la nature de l’être. L’être comme tel ne nous est point donné ; ce qui nous est donné, c’est le phénomène. Or, nous pourrions peut-être nous en tenir davantage au phénomène s’il n’y avait pas en lui deux contradictions essentielles, d’abord la contradiction d’une chose pourvue d’une pluralité de caractères, ensuite la contradiction qui se révèle dans le changement. Cette double contradiction doit expirer devant le concept exact de l’être. Mais, pour arriver à ce concept exact, il faut distinguer l’être (das Sein) de l’existence (das Dasein) et de la réalité (die Wirklichkeit). La réalité peut être dite de ce qui est donné dans l’expérience et de ce qui comme tel s’oppose à l’illusion et au simulacre ; la réalité peut être dite de rapports et de qualités ; — l’existence, qui enveloppe la réalité et dans le même sens qu’elle, s’énonce spécialement des objets, — mais d’objets qui forment une trame et rentrent dans un groupe ; tandis que l’être est indépendant de cette relation et de toute relation : il est en soi. (Allgemeine Metaphysik, § 196 sq.)

Il est une doctrine de Leibniz reprise par l’école wolffienne, notamment par Baumgarten, d’après laquelle l’être est un complementum possibilitatis ; il est l’aboutissement de la possibilité lorsque la possibilité est entière, et l’existence n’est que l’un des prédicats du possible. (Allgemeine Metaphysik, § 7 sq. ; I, p. 76 sq.) La suprême expression de cette doctrine est l’argument ontologique, et c’est le grand mérite de Kant d’a-