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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/198

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voir dans la critique de cet argument si nettement dénoncé le vice qu’il enferme ; il a remarqué que cent thalers réels ne contiennent rien de plus que cent thalers possibles, autrement dit que l’existence n’est pas une détermination conceptuelle ; il a bien compris que le possible désigne le concept, tandis que le réel désigne l’objet et la position de l’objet. (Allgemeine Metaphysik, § 32, I, p. 117.) C’est d’après cette indication si expresse et si précieuse qu’il faut définir l’être. L’être, c’est l’absolue position. (Hauptpunkte der Metaphysik, t. I, § 1, p. 15.) Affirmer que A est, c’est affirmer que A est posé purement et simplement, autrement dit que sa position absolue exclut toute négation, toute restriction, toute relation à autre chose que lui, soit objet comme lui, soit sujet, — même tout degré. C’est donc que le concept même d’absolue position emporte absolument certains caractères et en rejette absolument certains autres. Des négations et des relations, n’étant jamais susceptibles d’être posées absolument, ne peuvent convenir à l’être, et c’est cela qui a été reconnu par l’ancienne Métaphysique, laquelle composait l’être d’un mélange de propriétés positives et de négations et ne rejetait ce mélange que pour l’ens realissimum.

L’être en soi a une qualité, car il ne saurait rester indéterminé ; cette qualité, rigoureusement parlant, est inconnue, et sur ce point la Critique kantienne qui en interdit la connaissance est bien fondée ; cependant, nous avons du moins le moyen de déterminer par des approximations ce qu’elle doit être. Or, cette qualité doit être absolument simple, si l’on ne veut pas par la multiplicité des qualités introduire inévitablement dans l’essence de l’être la relation et la négation. À plus forte