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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/201

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pression), est le seul événement réel, et c’est de lui que dérivent les événements apparents, les changements que nous constatons dans l’expérience. Ce qui se modifie, ce sont d’ailleurs uniquement les rapports entre les êtres, une chose s’affirmant tantôt par rapport à celle-ci, tantôt par rapport à celle-là ; mais ces rapports et leurs vicissitudes sont pour l’être même quelque chose de contingent et d’indifférent. Car c’est seulement notre pensée qui compare, qui conçoit des rapports divers entre des êtres en eux-mêmes indépendants et immuables. En lui-même l’acte par lequel un être se conserve lui-même est aussi simple et uniforme que la qualité qu’il a pour objet de conserver ; mais, en raison du changement dans les rapports, elle peut pour l’observateur s’exprimer comme une force d’intensité très diverse. Le réel ne change pas plus en lui-même que ne change un tableau dont les figures, vues de près, se distinguent avec une netteté parfaite, et, aperçues de loin, se brouillent dans un confus assemblage. — Telle est, en ses traits généraux, cette doctrine des destructions et des conservations de soi, dont Herbart fera dans sa psychologie, pour l’étude du mécanisme des représentations, un si large usage.

Nous ne pouvons pas suivre Herbart dans les développements méthodiques qu’il a donnés à sa pensée, dans sa théorie de la nature comme dans sa psychologie. Nous ne pouvons considérer que les principes généraux de son système, dans leur rapport avec le Kantisme.

La thèse génératrice du système, c’est qu’il n’y a point de devenir absolu, et c’est aux Éléates, — Herbart reconnaît cette paternité lointaine et authentique, — que revient l’honneur d’avoir pro-