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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/52

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tégories de cause et de réalité, ne sont légitimement applicables qu’aux intuitions empiriques, qu’à ce qui est perçu dans le temps : en dehors de cette application, ils ne sauraient avoir de sens. Mais la chose en soi, qui par l’influence qu’elle exerce sur notre sensibilité fournit les matériaux de l’intuition, est quelque chose de distinct de la représentation sensible ; dès lors il est impossible de lui appliquer le concept de cause, et même le concept de réalité. Par suite la proposition initiale de la Critique se trouve démentie par la Critique même. Si dès le début la Critique avait averti que, par les objets qui affectent nos sens, elle n’avait entendu que des représentations de choses hors de nous, elle aurait épargné au lecteur le sentiment de cette contradiction, et elle l’eût peut-être évitée. En tout cas, par son développement même la philosophie critique doit nous ramener à Hume, c’est-à-dire à l’étude des faits de conscience, dont il est impossible de conclure quoi que ce soit hors d’eux. (Énésidème, pp. 261 et suiv., 273, 294 et suiv., 375 et suiv.) Quant à la façon dont Reinhold a essayé d’expliquer la chose en soi, loin de supprimer la contradiction elle s’y enfonce davantage avec sa distinction des choses réelles en soi et des choses simplement représentées. Y a-t-il même pour faire paraître la contradiction des formules meilleures que celles que Reinhold a employées pour la lever : « Les choses en soi sont les objets représentés en tant que ceux-ci ne sont pas représentables. » « L’objet représenté, comme chose en soi, n’est point un objet représenté » (pp. 263 et suiv., 295-311).

Dans un sens un peu voisin de Schulze, mais avec une originalité et une pénétration incontes-