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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/89

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paré la science plutôt que de l’avoir faite ; c’est même, ayant aperçu le fondement sur lequel la science pouvait s’élever, de ne pas avoir élevé la science architectoniquement. Et plus il ira, plus sans doute il marquera les défauts du Kantisme comme système. Dans la Wissenschaftslehre de 1804, il relèvera qu’il y a chez Kant trois absolus différents, selon chacune des trois Critiques : l’absolu de l’expérience, l’absolu du monde moral, l’absolu de l’unité du sensible et de l’intelligible (Werke, II, pp. 102-105. Cf. Lettre à Jacopi de 1804, Leben und Briefwechsel, 2e éd., II, p. 177). Mais presque constamment, avec quelques réserves plus ou moins accusées, il a mieux aimé marquer l’accord essentiel de la Wissenschaftslehre avec le Kantisme. Sans doute, dans la Erste Einleitung il nous dit : mes écrits ne prétendent ni expliquer Kant, ni être expliqués par lui ; ils doivent être pris en eux-mêmes pour ce qu’ils valent, et Kant reste hors de cause (I, pp. 420-421). Mais dans la Zweite Einleitung, qui est contemporaine, il soutient énergiquement que c’est l’esprit même du Kantisme, l’idéalisme transcendantal, qui s’est développé dans la Wissenschaftslehre. Certes, contre cette prétention s’élève une autorité solennelle, l’autorité même de Kant, qui a désavoué la filiation que lui imposait Fichte. Mais un tel désaveu s’explique sans être pour cela plus décisif. Kant n’a pas pu reconnaître sa doctrine exposée dans une forme qui n’était pas la sienne ; il n’a pas pu la séparer de la forme qu’il lui avait donnée. Mais cette littéralité-là s’impose-t-elle au même titre à ceux qui sont venus après lui ? Est-elle le critère qui doit décider de la conformité selon l’esprit ? (I, pp. 468 sq.)

Si l’on étudiait la philosophie de Fichte pour