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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/90

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elle-même, il faudrait rechercher plus scrupuleusement comment le Kantisme a concouru à la former, et avec quels autres facteurs. (Sur la formation de la philosophie de Fichte, v. Kabitz : Studien zur Entwickelungsgeschichte der Fichte’s Wissenschaftslehre aus der Kantischen Philosophie, 1902, — et Fuchs : Vom Werden dreier Denker, Fichte, Schelling, Schleiermacher, 1904). — Mais l’on peut dire en gros que vers la détermination du Premier Principe comme Moi absolu ont convergé trois doctrines de Kant : la doctrine de l’unité originaire de la perception ; — la doctrine du primat de la raison pratique ; — la doctrine de la faculté de juger comme médiatrice entre le monde de la nature et le monde de la liberté.

Et certes il y aurait lieu aussi de rechercher ce qu’il a pu devoir aux autres philosophes qui interprétaient ou critiquaient Kant, ou qui poussaient le Kantisme dans la voie de la systématisation rigoureuse. Et il a certainement beaucoup dû à Reinhold. Or quand il a pris conscience de sa propre pensée, qu’est-ce qu’il reproche à Reinhold ? Il lui reproche (d’accord en cela avec Schulze-Énésidème), de s’être arrêté, avec le principe de la conscience, à un principe qui n’est pas le vrai principe, le principe premier, qui n’est en somme qu’un fait empirique. Il faut, dit Fichte, remonter à un principe plus haut : toute représentation est une action synthétique ; toute synthèse suppose une liaison, une thèse et une antithèse soumises à quelque chose de plus haut. Ce doit être autre chose qu’un fait, Thatsache ; ce doit être une action, Thathandlung (I, pp. 4 sq.). La pensée de la représentation, dit Fichte ailleurs, n’est qu’une demi-pensée ; elle réclame un prin-