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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/91

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cipe qui la complète en la fondant (Erste Einleitung, I, p. 432). Fichte eut également conscience de la valeur de Maïmon, de son exceptionnel talent, et de l’importance qu’avait cette élimination de la chose en soi. Il marque également sa position vis-à-vis de Beck, indépendamment duquel il avait découvert son propre principe : ce qui est le plus grand défaut de l’idéalisme de Beck, c’est qu’il est incomplètement systématique et qu’il rouvre, contre son désir, la porte au dogmatisme. Au lieu, en effet, de dériver de l’essence de l’intelligence tout le système de nos représentations nécessaires, Beck abstrait les lois de l’intelligence de leur application aux objets, et c’est ensuite qu’il essaie de les déduire comme action de l’intelligence. Aussi ce qu’il dérive, ce ne sont que les formes et les rapports des objets, non leur matière, et dans cette matière non déduite le dogmatisme n’aura pas de peine à s’insinuer à nouveau (Erste Einleitung, I, pp. 442 sq.).

Mais voyons comment Fichte explique la position de son propre principe.

Regarde en toi-même, dit Fichte ; détourne-toi de tout ce qui t’entoure pour porter tes yeux à l’intérieur de toi. Il ne va être question de rien de ce qui t’est extérieur, mais uniquement de toi seul. Or en nous nous trouvons, à côté de représentations arbitraires, volontaires, qu’accompagne un sentiment de liberté, des représentations indépendantes de notre vouloir et qu’accompagne un sentiment de nécessité. C’est l’ensemble de ces dernières représentations qui forme l’expérience, tant interne qu’externe. Quel est le fondement de toute expérience ? Voilà la question qui s’impose à la philosophie, et qui implique par suite que son objet propre est hors de l’expérience. Or la