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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/98

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dition, qui ne peut se saisir par conséquent que dans une intuition intellectuelle. Kant a découvert que la conscience de soi conditionne toute conscience ; la Wissenschaftslehre a montré que la conscience de soi, non seulement conditionne toute conscience, mais encore en détermine le contenu (Zweite Einleitung, I, pp. 463 sq.).

Et par là Fichte a radicalement exclu du Kantisme toute entrave à l’idée d’une productivité infinie du Moi. Sa philosophie est l’ennemie de la chose, de la réalité figée, de la certitude arrêtée ; elle est l’expression triomphante de l’idée pure, du devoir être, de l’effort perpétuel, de la tâche infinie. Mais comme si une telle philosophie devait éprouver, à s’affirmer ainsi sans relâche, le manque d’un objet qui la vaille et la nécessité d’un point d’appui qui l’empêche de vaciller sur cette base même, elle ira, après avoir été reprise et repensée par Schelling, à la recherche de l’Être, — de l’Être adéquat à sa subjectivité.

II.Le Premier Principe comme identité du sujet et de l’objet (Schelling)

Nous avons exposé ce qu’est, selon Fichte, le Premier Principe : il est dans la position du Moi par lui-même. Il va sans dire que ce Moi qui se pose ainsi lui-même ne saurait être le Moi individuel ; si c’est le Moi que chaque individu doit retrouver au fond de lui-même, toutes les fois qu’il remonte jusqu’à la source de son existence, c’est aussi le Moi absolument inconditionné qui ne saurait être saisi sous les formes et sous les conditions de l’individualité empirique. C’est par