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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/256

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


de tous les arômes des bois, passa dans la douceur de la nuit. Roselyne fit observer, à mi-voix :

— Il doit être très tard.

— Je ne sais trop. Ce soir, je n’ai pas la notion de l’heure.

— M. le curé va s’inquiéter.

— Il me suivait, je crois. Il ne doit donc pas être très loin. Allons au-devant de lui.

Il mit la main de Roselyne sous son bras, et tous deux revinrent lentement vers le château. Leurs pas glissaient sans bruit dans l’herbe humide, et leurs silhouettes s’estompaient au passage sur l’eau éclairée des petits bassins. Autour des parterres dévastés, les ifs dressaient leurs formes échevelées et sombres, presque funèbres, dans cette nuit claire, silencieuse, qui enveloppait de poétique mystère le jardin abandonné.

— Nous redonnerons à votre Capdeuilles sa beauté d’autrefois, petite ondine, et vous en serez la reine très aimée, très obéie.

Elle dit avec son joli rire frais :

— C’est moi qui vous obéirai toujours. Ce sera tellement bon !

Il l’enveloppa d’un long regard d’amour, en pensant avec une émotion tendre : « Quelle enfant elle est encore, ma petite chérie ! »

À ce moment, le curé atteignait la grille du