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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/183

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XXI

Gavarni. — La table de Magny.

Dans son Journal posthume, M. Edmond de Goncourt a senti le besoin d’affirmer à nouveau ce qu’il avait écrit autre part : « Oui, je le répète, ma profession de foi est celle-ci : les deux plus grands bonshommes du siècle sont Balzac et Gavarni ; le premier qui a fait la Comédie humaine en écriture, l’autre en dessin et le second tout aussi grand que le premier. »

En écrivant sur Gavarni leur monographie si nourrie de faits, de lettres, de confidences et de confessions dans lesquelles ils se vantent de n’avoir été que des sténographes, les Goncourt acquittaient une dette de reconnaissance et d’amitié. Gavarni avait été pour tous les deux d’une grande bonté ; il avait souri aux premiers essais d’eau-forte de Jules, encouragé ses efforts, raffermi sa marche, et, quand les jeunes gens allaient trouver le solitaire dans sa retraite du Point-du-Jour, il les accueillait par ces mots de bienvenue : « Mes enfants, vous êtes la joie de ma maison. »

Ils l’avaient connu, à la fin de 1851, au temps de la création par le comte de Villedeuil du journal l’Éclair. Tel qu’ils l’avaient vu pour la première fois alors, ils l’ont transporté dans leur livre : « Gavarni était grand, élancé. À cinquante ans… de certains jours où il était en tenue d’homme du monde, dans une redingote boutonnée jusqu’en haut, les moustaches relevées, il avait une tournure encore jeune et pleine de crânerie militaire, une tournure d’homme de trente ans. Ses cheveux, sa barbe qui, dans sa jeunesse avaient dû