Aller au contenu

Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyons se renverser d’Ouest en Est un courant d’influence qui, durant des siècles, coula d’Est en Ouest. Jadis nourris de notre sève, les États-Unis transfusent maintenant leur énergie à notre vieux continent. Depuis longtemps déjà, les Américains avaient adopté vis-à-vis de l’Europe une économie défensive. Il s’agissait pour eux, à l’abri de tarifs durement protectionnistes, de fonder des industries nationales et de produire davantage afin de moins acheter à l’étranger ; derrière cette muraille de droits, l’Amérique avait développé ses manufactures au détriment des manufactures européennes ; elle pouvait produire non plus seulement pour consommer, mais encore pour vendre. Et maintenant l’économie offensive succède à l’économie défensive ; capitaux et produits américains s’offrent à l’Europe appauvrie et démunie.

C’est bien avant leur intervention militaire que les États-Unis avaient commencé à préparer cette offensive de paix. Au début de 1917, le Congrès du commerce extérieur de Pittsburg mettait à l’étude un vaste programme d’expansion en Europe ; il s’agissait de rechercher les