Aller au contenu

Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’accueille, l’Argentine se montre au contraire réservée et parfois hostile. Pour des raisons économiques, elle dépend moins des États-Unis que le Brésil ; elle conserve des attaches étroites avec l’Europe ; en face du Brésil si différent d’elle par l’immensité de ses territoires tropicaux et par ses origines portugaises, elle se dresse volontiers en représentante des nations espagnoles de l’Amérique du Sud ; elle conçoit une grande nationalité latino-américaine unie par la race, la religion et la langue, et dont elle serait la tête. Elle n’est pas de ceux qui s’orientent vers les États-Unis comme l’aiguille aimantée vers le Nord magnétique ; elle s’opposa à ce qu’un syndicat nord-américain fit l’acquisition de chemins de fer dans les territoires du Chaco et de Formosa ; elle ne s’associa pas aux États-Unis pour déclarer la guerre à l’Allemagne ; elle demeura neutre alors que son voisin le Brésil intervenait. Enfin dans presque tous les pays de l’Amérique du Sud, il persiste toujours des tendances particularistes, assez vivaces et chatouilleuses ; il règne entre eux des souvenirs de guerre et de conquête, des revendications de territoires contestés, des