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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/105

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cœur. Vous tombez dans une douce mélancolie, dans une somnolence délicieuse ; votre âme dégagée des liens terrestres se met en rapport direct avec la Divinité ; pour un instant vous n’êtes plus. Chagrins, ennuis, douleurs morales ou physiques, tout s’évanouit. Il ne reste plus que bonheur, espérance et joie. Une voix angélique vous dit bien bas des mots que vous n’entendez pas, que vous ne pouvez saisir et qui cependant vous remplissent d’une ivresse intérieure qui n’a pas d’égale.

Au milieu de cette admirable nature que nous venons de vous décrire aussi imparfaitement que le permet l’impuissance de la plume en présence d’aussi sublimes choses, se dresse tout à coup une affreuse roche sinistre et sombre dont l’aspect seul ferait soupçonner un malheur, alors même que son appellation ne trahirait pas une histoire triste, triste, bien triste, si triste que j’aurais mille pardons à implorer de vous, belles lectrices, pour venir vous demander encore des larmes, si en tremblant entre les soyeuses palissades de vos longs cils ces perles humides ne rehaussaient encore l’éclat de vos grands yeux de velours.

Et puis si jamais héroïne fut digne de quelque intérêt, c’est bien sans contredit celle dont je vous vais parler.

Blondinette — ainsi s’appelait-elle — était, de