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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/106

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l’aveu de tous, la plus gente fille de tous les alentours. Rien de plus suave que sa délicieuse figurine entourée d’une gaze de cheveux blonds. Rien de plus beau que ses grands yeux bleus frangés de soyeux cils d’or. Rien de plus souple que sa taille de guêpe à laquelle ses deux petites mains eussent pu servir de ceinture.

Et toutes ses compagnes le savaient bien et pas une pourtant n’en était jalouse ; car sa bonté et sa douceur faisaient oublier sa beauté.

Un soir que, le sourire aux lèvres et la joie au cœur, la belle enfant revenait chez elle, les bras chargés de grosses gerbes de fleurs qu’elle venait d’amasser, un jeune poëte, nouvellement arrivé dans le pays, l’aperçut et la trouva si blanche et si proprette qu’il résolut d’en être aimé. Et ses grands yeux bleus, pleins d’intelligence et de mélancolie, s’éclairèrent d’une flamme d’amour et la jeune fille l’aima. Et quand venait la brune, assise sur la mousse du roc, elle attendait son aimé et tous deux réunis à la pâle lueur des étoiles qui brillaient au manteau de la nuit, la main dans la main, épaule contre épaule, rêvant ivresse et volupté, devisaient d’amour.

Pour eux chaque heure s’envolait insensible, sur les ailes de cette indicible volupté qu’éprouvent deux âmes sœurs à n’avoir qu’une seule pensée, à