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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/107

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respirer le même parfum, à saisir la même harmonie, le même bruissement dans la feuillée, le même murmure dans le ruisseau. Jamais n’avait été passion plus pure et plus innocente que celle de la pauvre enfant…..

Une nuit pourtant que le dernier tintement de l’Angelus palpitait encore, que les feux rougeâtres du soleil couchant s’éteignaient au ciel, que la fleur sans nom penchait étiolée sur sa tige, le sable des chemins craqua sous un pas furtif.

Pendant ce temps tout reposait silencieux dans la vallée ; la lune argentait le paysage de ses feux livides ; le rossignol préludait sa mélodie du soir et la nature entière semblait se reposer des fatigues du jour.

Un rayon incertain en perçant les nuages découvrit une jeune femme. Son visage, qui paraissait beau, portait je ne sais quelle empreinte de suave mélancolie. Son œil inquiet semblait vouloir interroger le vide, percer l’obscurité ; sa main blanchette caressait doucement une petite fleur du pays que ses compagnes ont surnommée depuis Fleur d’amour.

Jeunes lectrices, surtout gardez-vous bien de la cueillir !

Elle écouta longtemps le crépitement de la rosée, le bruissement des feuilles qui tombaient lentes et