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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/128

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se sentait coupable, car il faisait deux malheureux, et soupirait parfois tout bas avec des larmes dans la voix : Hélas ! mon Dieu, je ne suis plus peintre !… pas un modèle qui comprenne !… Damnation !…

Dans les moments où son désespoir était plus expansif, quelquefois il s’écriait : Oui, Lélia, ma chère Lélia, je donnerais toute ma vie pour être poëte et peintre un instant ! Mais il ne lui disait jamais : M’aimes-tu, Lélia ? donnerais-tu ta vie pour moi ?…

La jeune fille pleurait et souffrait en ne se voyant pas comprise.

Le temps n’apportait aucune amélioration à l’état physique et moral de l’artiste ; encore quelques jours, et tout espoir de mieux était perdu. Le jour de l’Exposition approchait, et la santé de Lucien, devenue extrêmement faible, n’eût pas résisté à la perte de ses espérances de célébrité.

La pauvre enfant était bien malheureuse… Elle voyait son bienfaiteur décliner sensiblement vers la tombe, et elle, pauvre enfant, elle n’y pouvait rien, qu’implorer Dieu et la Vierge protectrice des jeunes filles.

D’enfant elle était devenue femme, et son intelligence se développait en même temps que sa beauté. Plusieurs fois Lucien était resté en contemplation devant elle ; il avait pris plaisir à lui voir