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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/139

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Elle est là, sans éclat, sans ces brillantes parures que l’on retrouve partout ; mais son auréole rayonne au fond de tous les cœurs. Quel Ossalois n’a, pour sa patronne, un amour enthousiaste, un respect profond, une confiance sans limites ! Voyez se découvrir avec empressement ces montagnards qui passent. — Quel air d’émouvant respect chez les plus vieux surtout, inclinant leurs belles têtes aux grands fronts dénudés, aux longs cheveux d’argent, taillés encore comme il y a trois siècles. — Si leur démarche est empressée, ils la ralentiront ; si leur conversation est animée, ils l’interrompront, pour adresser une courte et pieuse invocation à leur mère commune, à leur infaillible protectrice.

Quand les frimas ont annoncé l’approche de l’hiver, quand la neige a blanchi les montagnes où bondissaient naguère d’innombrables troupeaux, l’Ossalois nomade est averti d’aller au pays de plaine, chercher pour les animaux qui le font vivre des subsistances, un abri. L’instant de la séparation arrive ; il quitte, le cœur gros, les êtres qui lui sont chers ; mais il ne partira point sans les placer sous l’égide vénérée de Notre-Dame de Layguelade. Eux aussi, du reste, dans les longs jours de séparation et d’absence ne manqueront pas de l’invoquer pour lui.