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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/142

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railles, de milices, de curies, de trésor municipal ; le peuple des campagnes, réduit à la condition des bêtes domestiques, n’avait ni le pouvoir ni la volonté de se défendre ; les paysans émigraient dans les forêts, se cachaient dans les églises, ou renonçant au baptême s’en allaient lâchement grossir les bandes des pirates. « Quant aux grands, dit un vieil auteur, ils ne songeaient au milieu de tant de calamités qu’à les faire tourner au profit de leurs richesses et de leur tyrannie ; ils ruinaient par leur lâcheté le royaume très-chrétien de France et en étaient réduits à racheter par de honteux tributs ce qu’ils auraient dû glorieusement défendre par les armes. » Charles le Gros paya sept cents livres d’argent le départ des Normands qui assiégèrent Paris en 885 ; une autre fois il donna encore cinq cents livres à l’une de ces bandes dévastatrices, pour qu’elle quittât les rives de la Somme et s’en allât combattre d’autres brigands qui, de leur côté, ravageaient les pauvres rives de la Seine ; mais les deux troupes, en vertu du vieil adage : « Les loups ne se mangent pas entre eux, » se partagèrent l’argent, et loin de s’exterminer en commun, se concentrèrent entre les deux fleuves où elles fondèrent quelques établissements. Si bientôt donc la France entière se réveilla de son humiliante torpeur, ce fut sans doute au bruit