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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/145

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les Ossalois sur les remparts continuaient toujours, eux, de ne le point comprendre, l’idée vint à l’un d’eux d’aller chercher un vieil ermite, enfoui dans la chapelle à dire ses oraisons, — par cela seul qu’ayant voyagé dans des terres lointaines et parlant plusieurs langues mortes et plus encore de vivantes, il ne pourrait manquer de connaître celle du barbare, qui plus que jamais faisait mine de défier, l’un après l’autre, tous les habitants du château. « Que celui, clamait-il de sa voix de stentor, qui se sent du cœur sorte de derrière ces murailles et vienne se mesurer avec moi ! » Voilà ce que comprit le vieil ermite, ce qu’il répéta aux défenseurs du château, peu soucieux de répondre à un semblable appel.

« Et comme le Normand vit que personne ne répondait à son orgueilleuse provocation, il tira de dessous son armure un collier orné d’une magnifique croix d’or ; et la montrant aux Ossalois, il reprit ainsi : « N’y a-t-il donc pas un seul vaillant guerrier dans tous vos rangs ? S’il s’en trouve un, qu’il sorte et me vienne abattre : voilà quel sera « pour lui le prix de sa victoire ? » Le sire de Béon regardant alors le susdit collier à travers une barbacane, le reconnut bientôt pour celui de son épouse aimée, la belle Marguerite. Il était jeune, renommé pour sa mâle beauté parmi les beaux Os-