Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quiétait sur l’issue du combat. Les deux adversaires se mirent en place, on fit monter Marguerite sur un tertre au bout de la lice et le combat commença.

« Levant sa lourde massue pour en asséner un formidable coup sur la tête de son antagoniste, dont il comptait bien se débarrasser de suite, le Normand la laissa retomber, croyant n’avoir plus qu’un cadavre à ses pieds ; mais Béon, invoquant saint Vincent de Luc, évita le terrible coup, et la massue, lancée avec toute la vigueur d’un bras de géant, ne frappa que la terre où elle fit un énorme trou. Furieux, transporté de rage, le barbare, alors, écumant comme un ours affamé, recula jusqu’au pied du tertre afin de prendre un nouvel élan pour écraser son adversaire. Cette fois c’en était fait du sire de Béon si la vierge Marie, suivie de sainte Marguerite et de saint Vincent de Luc n’eût tout à coup apparu à la belle épouse de Béon et ne lui eût suggéré l’heureuse idée que voici : celle de doucement détacher son tablier pour en couvrir, avec la légèreté de l’isard bondissant sur les rochers, la tête du sanguinaire ennemi de son tendre époux. Surpris un instant de cette ruse ou plutôt aveuglé par cet épais voile, que la belle Marguerite tenait étroitement serré autour de ces épaules, en criant à son époux : « Tue-le ! tue-le donc ! » le géant ne put voir le sire de Béon fondre