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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/148

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sur lui armé d’une hache, lui fendre le crâne et le faire rouler à terre avec le retentissement d’un immense chêne que la cognée du bûcheron vient d’abattre à grand’peine.

« Un sang noirâtre jaillit à flots de la blessure du colosse en ruisselant à gros bouillons jusqu’au Gave.

« Ainsi fut délivrée l’imprudente et belle Marguerite, qui ne rentra pourtant pas au château — pas plus que ses gentes compagnes du reste — tout à fait dans l’état où elle l’avait quitté. Pourquoi ?….. Ah ! ma foi, à vous de le deviner !

« Arborée au plus haut des murs du château, l’horrible tête du barbare jeta la confusion parmi les Normands. Loin de songer à venger la mort de leur chef, ils levèrent au plus tôt le siége et s’en furent faire chèrement payer à la Gascogne l’échec que venait de leur imposer le pays d’Ossau. Depuis oncques on n’en ouït parler, et le souvenir de cette terrible invasion se serait certes perdu si le sire de Béon, voulant perpétuer celui de la miraculeuse assistance qu’il avait reçue de la mère de Dieu, n’avait fait élever, à l’entrée septentrionale de Bielle, l’humble chapelle avec laquelle nous vous avons fait faire connaissance plus haut. Cinq siècles durant, toutes les communes d’Ossau ne cessèrent de s’y rendre processionnellement, en chantant le Te Deum, les jours de la Nativité,