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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/150

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Jaloux par la rive gauche du Gave, tandis que ses chevaux, sa meute et ses gens le précédaient par la rive droite, il fut tout à coup surpris dans sa route par un orage affreux et forcé de chercher un abri dans la chapelle de Notre-Dame-de-Layguelade.

« Il y était encore, continue la légende, à l’heure solennelle de minuit, quand il vit défiler devant lui une procession de morts qui faisaient entendre une musique de l’autre monde. Drapés tous dans leurs grands suaires blancs, ils portaient chacun un flambeau à la main. Celui qui paraissait mener le cortége présenta son cierge au vicomte en lui intimant l’ordre de les suivre ; il obéit en tremblant, car ce cierge, lorsqu’il le prit en main, se trouva être une jambe glacée de squelette. Le cortége se dirigea vers Bielle jusqu’au château fort où le Normand avait été vaincu deux cents ans auparavant ; il était en ruines, et l’on n’y voyait plus qu’une vieille tour croulante, d’où sortirent une infinité d’autres morts qui se rangèrent avec un stupéfiant silence autour du vicomte ; le chef de la funèbre procession mit alors au doigt de ce dernier un anneau de fer et dans sa main un parchemin surchargé de caractères runiques, puis tous les morts disparurent sans que le vicomte pût voir de quelle manière ils s’étaient dispersés, parce que, saisi d’horreur, il avait perdu connaissance. »